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Nourriture, drapeaux et prières: à Erevan, l’aide s’organise pour le Karabakh

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Nourriture, drapeaux et prières: à Erevan, l’aide s’organise pour le Karabakh

Entre deux terrasses à Erevan, des volontaires emballent soigneusement conserves et couvertures, sous un drapeau du Nagorny Karabakh. Une aide destinée aux réfugiés qui affluent de cette région en guerre.

Dans la capitale arménienne, les formes de soutien les plus diverses sont apparues ces derniers jours face à l’aggravation des combats dans cette zone montagneuse que se disputent depuis des décennies les séparatistes arméniens et l’Azerbaïdjan.

L’initiative Amour Tinkoung -“Dos puissant”- est l’une d’entre elles: elle fournit aux réfugiés comme aux soldats de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des couvertures.

Elle aide aussi les habitants fuyant les combats à rejoindre Erevan et loge ceux ayant perdu leur maison à cause des bombardements.

“Au début, on a commencé à rassembler toutes sortes de choses pour le front. Il s’est avéré ensuite que les réfugiés ont commencé à affluer. Beaucoup de familles, d’enfants, parfois même sans leurs parents”, explique à l’AFP le coordinateur du projet, Stepan Avakian, au milieu de dizaines de cartons de toutes tailles entreposés devant un petit jardin pour enfants.

Le Comité international de la Croix-Rouge a dénoncé dimanche des combats et bombardements aveugles deux côtés sur des zones habitées, forçant des populations à la fuite.

A Erevan, jusqu’à 200 volontaires travaillent jour et nuit à tour de rôle depuis le deuxième jour des combats, il y a une semaine.

“Chaque jour, il y a plus de réfugiés qui arrivent. Il nous faut des arrières forts, pour que ceux au front n’aient pas à s’en faire pour leurs familles qui ont fui”, ajoute Stepan Avakian, 34 ans, tout de noir vêtu.

– “Prière nationale” –

Autre signe de l’influence prégnante de la guerre au Nagorny Karabakh, les drapeaux, tant arméniens que ceux quasi identiques de la région séparatiste, sont désormais légion aux balcons et aux murs de Erevan, sur les coffres de voitures et les vitrines des magasins. De petits ateliers s’activent à les coudre en ville.

Des panneaux publicitaires bien visibles ont troqué les annonces commerciales pour les messages de soutien aux forces arméniennes, montrant par exemple un soldat tirant à l’artillerie au milieu d’un nuage de poussière.

Samedi soir, une “prière nationale” a rassemblé d’importantes foules dans les églises à travers l’Arménie et dans les pays où vit une importante diaspora. La liturgie menée par le patriarche Garéguine II a été diffusée à la télévision en direct.

Et dimanche matin, des dizaines de fidèles sont à nouveau venus prier à l’église Saint Sarkis, dans le centre de la capitale, certains en larmes, plaçant des cierges devant des icônes du Christ ou de la Vierge.

“Je suis venu avec un but particulier car la situation dans le pays est très critique. Je suis venu demander à Dieu la paix, pour notre pays et nos soldats”, explique l’un des fidèles, Aytsemik Melikian, 70 ans.

“Nous venons encore plus souvent ces jours-ci, nous prions pour nos enfants et pour la paix”, abonde Levik Avaguian. “Les soldats azerbaïdjanais ont aussi des mères et des proches… Que cette guerre se termine le plus vite possible”.

Le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens de confession chrétienne, a fait sécession de l’Azerbaïdjan à majorité chiite à la chute de l’URSS, entraînant une guerre au début des années 1990 qui a fait 30.000 morts.

Les hostilités qui on débuté le 27 septembre sont une crise parmi les plus graves, sinon la plus grave, depuis le cessez-le-feu de 1994, faisant craindre une guerre ouverte entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

En Arménie, une campagne sur les réseaux sociaux a été lancée pour appeler la communauté internationale à reconnaître l’indépendance du Karabakh, dans l’espoir que cela fasse reculer l’Azerbaïdjan.

Aucun Etat n’a reconnu le territoire indépendantiste, pas même l’Arménie, et légalement, il s’agit d’une région azerbaïdjanaise.

Un rassemblement silencieux d’une trentaine de personnes a ainsi eu lieu à Erevan pour que cela change.

“Nous nous tenons en silence parce que les Arméniens ont vraiment l’impression d’être réduits au silence” sur la scène internationale, affirme à l’AFP l’une des organisatrices, Marianna Hovhannisian.

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