Home Pure Info Histoire de l’art : le modèle du tableau de Courbet “L’origine du monde” enfin identifié

Histoire de l’art : le modèle du tableau de Courbet “L’origine du monde” enfin identifié

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Histoire de l’art : le modèle du tableau de Courbet “L’origine du monde” enfin identifié

Un des plus grands mystères de l’histoire de l’art est sans doute résolu. La jeune femme qui servit de modèle à Gustave Courbet pour peindre “L’origine du monde” s’appelait Constance Quéniaux, révèle le chercheur Claude Schopp.

La jeune femme qui servit de modèle à Gustave Courbet pour peindre son célèbre tableau “L’origine du monde” s’appelait Constance Quéniaux, révèle dans un livre à paraître début octobre, Claude Schopp, Goncourt de la biographie en 2017.

C’est en travaillant sur la correspondance d’Alexandre Dumas fils et de George Sand que le grand spécialiste français de Dumas – père et fils – a résolu une énigme vieille de 152 ans. Comme beaucoup de découvertes, celle-ci, racontée dans “L’Origine du monde, vie du modèle”, à paraître le 4 octobre chez Phébus, est le fruit du hasard.

Le but du chercheur n’était certainement pas de faire des recherches sur “L’Origine du monde”, le célèbre nu somptueusement provocant exposé au musée d’Orsay depuis 1995.

Une “certitude à 99%”

Chargé de l’annotation des lettres échangées entre George Sand et Dumas fils, “de traquer les moindres allusions que contient un texte afin de l’éclaircir”, Claude Schopp est surpris par une coquille dans la transcription d’une lettre de Dumas à Sand, datant de juin 1871.

L’écrivain, hostile à la Commune, déblatère sur Courbet. “On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l’interview de Mlle Queniault (sic) de l’Opéra”, écrit Dumas.

“Interview ? Ça ne voulait rien dire”, explique le chercheur au cours d’un entretien avec un journaliste de l’AFP. Il décide de confronter cette transcription au manuscrit conservé à la Bibliothèque nationalede France (BnF). Ce n’est pas “interview” qu’il fallait lire mais “intérieur”. “Ce fut comme une illumination”, se souvient le chercheur. “D’habitude je trouve en travaillant beaucoup, là j’ai trouvé sans chercher. C’était injuste”.

Le chercheur fait part de sa découverte à Sylvie Aubenas, directrice du département des estampes et de la photographie de la BnF. “Ce témoignage d’époque découvert par Claude me fait dire que nous avons la certitude à 99% que le modèle de Courbet était bien Constance Quéniaux”, confie Sylvie Aubenas à l’AFP. Le département des estampes et de la photographie de la BnF conserve plusieurs photos de Constance Quéniaux, dont une par Nadar.

Bouquet de fleurs

On savait jusqu’à présent que le commanditaire du fameux tableau était le diplomate turco-égyptien Khalil-Bey, une figure flamboyante du Tout-Paris des années 1860. Le tableau fut exécuté par Courbet à la demande de Khalil-Bey au cours de l’été 1866.

Avant la découverte de Claude Schopp, plusieurs noms avaient circulé quant à l’identité du modèle. Mais la noirceur de la chevelure de Constance et ses “beaux sourcils noirs”, loués par la critique lorsqu’elle dansait à l’Opéra, sont plus conformes à la luxuriante pilosité du modèle, explique Sylvie Aubenas.

En 1866, Constance Quéniaux a 34 ans. Elle ne danse plus depuis 1859 et est une des maîtresses de Khalil-Bey. Pourquoi son nom n’est-il pas apparu plus tôt ? “C’était un secret connu de tous”, suggère Sylvie Aubenas. Si Dumas lâche son nom, c’est davantage par ressentiment à l’encontre de Courbet. Avec le temps, Constance est devenue “une femme de bien”, “respectable”, qui s’adonne aux œuvres philanthropiques. On ne remue pas le passé.

Un autre élément vient corroborer la découverte de Claude Schopp. À la mort de Constance, en 1908, on découvrit lors de la vente de succession un tableau de Courbet représentant un bouquet de fleurs. La composition mêle habilement bouquet et plantes en pots. Au centre, on remarque une plante grasse qui tend vers le spectateur une profonde corolle rouge épanouie et ouverte. “Quel plus bel hommage de l’artiste et du commanditaire à Constance ?”, souligne Sylvie Aubenas.

Avec AFP

Première publication : 25/09/2018

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