Plusieurs cardinaux américains se sont défendus lundi face aux allégations de l’archevêque conservateur Carlo Maria Vigano, qui a accusé le pape François d’avoir sciemment ignoré des avertissements sur le comportement sexuel prédateur du cardinal Theodore McCarrick.
Parmi eux, figure le cardinal Donald Wuerl de Washington, ex-évêque de Pennsylvanie lui-même poussé par certains à démissionner pour ne pas en avoir fait assez face aux abus sexuels massifs perpétrés par des prêtres dans cet Etat et apparus récemment au grand jour.
“Tristesse” et “consternation”
Dans un communiqué, il a affirmé qu’il n’avait jamais été informé de sanctions qu’aurait prises le pape Benoît XVI contre le cardinal Theodore McCarrick. Sanctions qu’évoque Carlo Maria Vigano dans sa lettre ouverte publiée samedi, en accusant le pape François de ne les avoir jamais appliquées.
Donald Wuerl a aussi affirmé que personne, depuis qu’il est à Washington, ne lui avait jamais signalé d’accusation d’abus perpétrés par Theodore McCarrick. Un autre prélat rangé dans le camp des “progressistes” américains, l’archevêque de Newark Joseph Tobin, a exprimé “sa tristesse et sa consternation” devant les allégations de Carlo Maria Vigano.
“Les erreurs factuelles, les insinuations et l’idéologie de la peur de son “témoignage” renforcent notre conviction qu’il faut avancer résolument pour protéger nos jeunes et vulnérables contre toute sorte d’abus”, écrit-il dans un communiqué.
“Enquête minutieuse”
Le cardinal Joseph Tobin, se rangeant dans le camp du pape, a demandé “une enquête minutieuse” sur les allégations de Carlo Maria Vigano, tandis que le Donald Wuerl est allé jusqu’à suggérer d’enquêter sur le mandat de ce dernier comme ambassadeur du Vatican aux États-Unis.
Le président de la conférence des évêques américains, le cardinal Daniel DiNardo de Houston, a lui prudemment fait valoir que les accusations de Carlo Maria Vigano renforçaient la nécessité d’un examen “rapide et complet” sur les raisons pour lesquelles “les graves erreurs morales d’un frère evêque (Theodore McCarrick, ndlr) avaient pu être tolérées pendant si longtemps et ne pas entraver son avancement”.
“Les questions soulevées méritent des réponses concluantes, reposant sur des preuves, sinon des innocents pourraient être souillés par de fausses accusations et les coupables pourraient répéter leurs péchés passés”, a-t-il souligné.
“Plan d’action” des évêques américains
Daniel DiNardo s’est dit également “impatient d’avoir une audience auprès du pape” afin de lui présenter le “plan d’action” élaboré par les évêques américains pour “faciliter le signalement d’abus ou de mauvaise conduite par des évêques”.
Ces réactions interviennent alors que le pape a refusé de commenter les accusations de Carlo Maria Vigano. Le pape a accepté fin juillet la démission de Theodore McCarrick, 88 ans, suspendu fin juin suite à des accusations d’abus sur un adolescent remontant à plusieurs décennies.