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Tadjikistan : des législatives acquises au pouvoir, l’opposition neutralisée

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Tadjikistan : des législatives acquises au pouvoir, l’opposition neutralisée

Le parti du président Emomali Rakhmon devrait triompher aux élections législatives qui se déroulent dimanche au Tadjikistan, l’opposition ayant été en grande partie neutralisée avec l’interdiction du principal parti critique du pouvoir.

Il s’agit des premières législatives organisées dans cette ex-république soviétique d’Asie centrale depuis que la Cour suprême a interdit en 2015 le Parti de la renaissance islamique, un parti religieux modéré officiellement qualifié d'”extrémiste” et d'”organisation terroriste”.

Le Parti démocratique populaire du Tadjikistan, qui domine le Parlement sortant, a donc un boulevard devant lui, un scénario familier dans la région. Une mission réduite d’observateurs électoraux de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) supervise le vote, qui a commencé à l’aube.

La Commission électorale a fait état d’une participation de plus de 75% à 10H00 GMT, bien au-delà des 50% nécessaires à la validation de ces élections.

Le président tadjik s’est déplacé pour voter dans la capitale Douchanbé pour “un bon candidat”, a rapporté l’agence de presse Khovar.

La formation du chef de l’Etat a 51 des 63 sièges dans le Parlement sortant et les autres partis y étant représentés sont considérés comme étant largement acquis à la cause d’Emomali Rakhmon, 67 ans, qui gouverne son pays d’une main de fer depuis 1992.

La seule formation d’opposition qui participe au scrutin, le Parti social-démocrate du Tadjikistan, n’a encore jamais réussi à obtenir des députés.

Son vice-président, Chokir Hakimov, a jugé ces échecs électoraux imputables à de “mauvaises lois électorales” et à des “falsifications”. Il accuse en outre les autres petits partis en course d’être “des structures politiques créées artificiellement pour jouer le jeu” du pouvoir.

– Tournant de 2015 –

Les précédentes législatives, en 2015, avaient marqué un tournant pour le Tadjikistan, un pays enclavé en majorité musulman largement dépendant de la Russie et de la Chine pour maintenir à flot son économie.

Le Parti de la renaissance islamique n’avait alors eu aucun député, pour la première fois depuis la fin d’une guerre civile entre pouvoir issu de la période communiste et rebelles intégristes musulmans, un conflit qui avait duré de 1992 à 1997 et avait fait plus de 100.000 morts.

Un accord de paix avait été trouvé en 1997 sous l’égide de l’allié russe, garantissant un rôle à l’opposition dans la vie politique du Tadjikistan.

Après les législatives de 2015, le principal parti d’opposition a été banni et onze de ses cadres emprisonnés.

Le président Rakhmon n’a eu de cesse de renforcer son emprise depuis, s’arrogeant le droit de rester indéfiniment à la tête de l’Etat par un référendum organisé en 2016.

Selon des observateurs, son fils Roustam Emomali, le maire de Douchanbé, est son dauphin.

A l’approche du scrutin de dimanche, un journaliste reconnu et critique du gouvernement, Daler Charipov, a été emprisonné. Ces derniers mois, plus de 100 personnes ont aussi été arrêtées au cours d’opérations de police ayant visé les milieux islamistes, en particulier le mouvement interdit des Frères musulmans.

Longtemps considéré comme le pays le moins développé de l’ancien bloc soviétique, le Tadjikistan a vu son taux de pauvreté diminuer depuis 20 ans, pour atteindre 29%, selon des chiffres de 2017. Néanmoins les problèmes économiques restent un souci majeur pour les Tadjiks.

Mansour, un commerçant de 39 ans croisé au marché central de la capitale, espère la fin des hausses d’impôts qui “tous les ans forcent des centaines de petits commerçants à fermer boutique”. “En février, ils les ont encore augmentés. A qui cela profite-t-il ?”, s’indigne-t-il.

Mukhabbat Rakhimova, une enseignante de Douchanbé, s’est dite heureuse de voter dans une école. “Je veux que les parlementaires que nous élisons apportent des contributions importantes à l’éducation”, a-t-elle déclaré à l’AFP.

Du fait de la pauvreté, des centaines de milliers de Tadjiks vivent et travaillent en Russie, permettant ainsi à leurs proches restés au pays d’assurer leur subsistance.

Les bureaux de vote seront ouverts aux 4,7 millions d’électeurs jusqu’à 15H00 GMT. Les premiers résultats sont attendus lundi.

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