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Séoul aurait “piégé” des transfuges nord-coréennes pour les faire venir

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Séoul aurait “piégé” des transfuges nord-coréennes pour les faire venir

Douze serveuses nord-coréennes travaillant en Chine qui avaient fait défection en 2016 au Sud ont été piégées par le renseignement sud-coréen, a raconté à la télévision sud-coréenne le gérant du restaurant qui les employait, dans des révélations explosives.

Cette affaire qui avait fait grand bruit suscite depuis longtemps la polémique. Pyongyang affirmait qu’elles avaient été enlevées et Séoul martelait qu’elles avaient fait défection de leur plein gré.

Heo Gang-il, gérant du restaurant nord-coréen de la localité chinoise de Ningbo où ils travaillaient tous, a déclaré avoir menti aux serveuses sur leur destination finale et leur avoir fait du chantage pour qu’elles le suivent au Sud.

M. Heo s’exprimait dans le programme Spotlight de la chaîne JTBC, l’une des émissions d’enquête les plus en vue de Corée du Sud.

Il a expliqué avoir été recruté par le Service national du renseignement sud-coréen (NIS) en 2014 en Chine.

Deux ans après, craignant d’être démasqué, il a demandé à son agent traitant d’organiser sa défection. A la dernière minute, dit-il, l’agent lui a demandé de venir avec ses employées.

“Les 12 serveuses ne savaient pas où elles allaient”, a-t-il déclaré. “Je leur ai dit qu’on changeait d’endroit”.

Les serveuses ont réalisé ce qu’était leur destination lorsqu’elles se sont retrouvées devant l’ambassade de Corée du Sud en Malaisie.

L’une d’elle, interviewée dans l’émission, a raconté qu’elles avaient hésité devant l’ambassade. “Le gérant Heo nous a menacées, a dit qu’il raconterait aux autorités qu’on regardait des séries télévisées sud-coréennes et que nous serions exécutées, ou exilées en province, et que nos familles seraient également touchées”.

“Avec le recul, c’était n’importe quoi mais sur le moment, je n’avais pas d’autre choix. Si c’était possible, même maintenant, j’aimerais retourner auprès de ma mère”.

Après leur arrivée en Corée du Sud en avril 2016, les transfuges avaient participé à un programme d’acclimatation pendant quatre mois, une situation classique dans de tels cas, avant d’être relâchés dans la société.

Mais leur localisation était tenue secrète par le NIS. Ils n’avaient fait jusque ici aucun commentaire public.

M. Heo a, dit-il, décidé de parler car il n’a pas vu venir ce qu’on lui avait promis — un emploi au NIS et une médaille.

Le ministère sud-coréen de l’Unification, chargé des affaires intercoréennes, a dit que les faits présumés devaient être vérifiés.

Un porte-parole du renseignement a déclaré que celui-ci n’avait pas de commentaire immédiat à faire.

Les sceptiques soupçonnent que la défection, présentée à l’époque comme la plus importante depuis de longues années, avait pu être manigancée par le gouvernement conservateur de la présidente désormais déchue Park Geun-hye afin de séduire l’électorat avant les législatives.

Mme Park a été condamnée en avril à 24 ans de réclusion pour corruption, abus de pouvoir et coercition.

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