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Pays Basque: appels à la “réconciliation” après la dissolution d’ETA

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Pays Basque: appels à la “réconciliation” après la dissolution d’ETA

Les experts internationaux réunis vendredi à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) pour acter la dissolution de l’organisation indépendantiste basque ETA ont lancé un appel à la “réconciliation” en “tournant la page” de la dernière insurrection armée d’Europe occidentale.

“Aujourd’hui est un jour de célébration”, a lancé l’avocat sud-africain Brian Currin en ouvrant cette “rencontre internationale pour avancer dans la résolution du conflit au Pays-Basque”.

“Mais ce n’est pas terminé”, a-t-il ajouté, sur une tribune dressée dans une grande salle de la Villa Arnaga de Cambo, l’immense demeure de l’écrivain français Edmond Rostand (1868-1918), auteur de “Cyrano de Bergerac”.

L’autodissolution de l’ETA annoncée la veille à Genève est aussi “un engagement à prendre part au processus démocratique” des institutions espagnoles, “ce qui nécessitera la réconciliation”, a insisté l’avocat de 67 ans.

“La colère n’est pas une politique, la vengeance n’est pas une solution”, a mis en garde le Nord-Irlandais Gerry Adams, ancien dirigeant du Sinn Fein pendant 34 ans, qui milite contre la souveraineté britannique en Ulster.

“Construire la paix est bien plus difficile” que faire la guerre” et “le point de départ doit être le dialogue”, a-t-il ajouté, en rappelant le processus suivi par le Sinn Fein en Irlande du Nord.

“Nous vivons une journée historique, nous vivons la fin du dernier conflit en Europe”, a estimé dans une déclaration lue à la tribune, l’ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, l’un des parrains du processus. “La déclaration d’ETA marque la fin de l’histoire difficile de l’Espagne (et) montre que le dialogue politique est durable alors qu’il reste beaucoup à faire pour guérir les blessures”, a-t-il ajouté.

Plusieurss intervenants ont regretté l’absence de tout représentant des gouvernements français et espagnol et Gerry Adams a demandé à Madrid de “donner des signes positifs en faveur des prisonniers” basques, dernier point à régler par les deux capitales.

Aboutissement d’une lente scénographie, cette conférence est censée clore toute une série d’annonces qui depuis plus d’un mois martèlent le même message via plusieurs canaux médiatiques: ETA (Euskadi Ta Askatasuna, soit “Pays Basque et Liberté”), créée en 1959, s’autodissout, un an après avoir rendu les armes le 8 avril 2017.

Jeudi, l’ETA a diffusé une “déclaration finale” annonçant que l’organisation clandestine avait “démantelé l’ensemble de ses structures” et mis “fin à toute activité politique”.

Cette “déclaration finale” a aussi été lue à Genève par le directeur exécutif du Centre Henry Dunant pour le Dialogue Humanitaire.

Avec 829 morts qui lui sont imputés, l’ETA, à coups d’enlèvements et d’attentats, a tenté sans succès d’obtenir l’indépendance du Pays Basque et de la Navarre pour finir décimée par les arrestations de ses chefs, et rejetée par la majorité de la population.

– “Pas d’impunité” –

Ce cérémonial est calqué sur la conférence d’Aiete en 2011 à Saint-Sébastien (Pays Basque espagnol) qui, sous l’égide de Kofi Annan, avait débouché sur un cessez-le-feu d’ETA.

Depuis lors, l?ETA a voulu suivre un processus de paix modelé, entre autres, sur celui des FARC de Colombie: désarmement, démobilisation, réintégration. A la différence notable que ce processus n’a été mené que par une seule des parties prenantes au conflit au Pays Basque, ETA.

Madrid a en effet toujours refusé le moindre geste d’apaisement envers l’ETA, poussé par les puissantes associations de victimes.

“Les condamnations continueront à être exécutées” et “il n’y aura pas d’impunité”, a encore déclaré vendredi le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy.

Le Collectif des victimes du terrorisme (Covite) a lui exigé que l’ETA condamne la terreur et cesse de rendre des hommages publics à ses militants quand ils sortent de prison. Il attend aussi qu’elle fasse la lumière sur 358 crimes encore inexpliqués.

L’Espagne avait mal accueilli un message diffusé le 20 avril où la faction armée regrettait “les torts causés” mais ne demandait pardon qu’aux victimes qui n’étaient pas parties au “conflit”, laissant entendre que les autres, comme les policiers, étaient des cibles légitimes.

Pour clore vendredi le dernier chapitre de son histoire, l’ETA a donc dû choisir le Pays Basque français, son ancienne base arrière, et ni le gouvernement de la Communauté autonome basque ni celui de la Navarre n’ont accepté l’invitation.

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