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Expulsion de diplomates: Londres voit un “tournant” dans les relations avec Moscou

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Expulsion de diplomates: Londres voit un “tournant” dans les relations avec Moscou

L’expulsion massive de diplomates russes par des pays occidentaux après l’empoisonnement d’un ex-agent double au Royaume-Uni pourrait constituer un “tournant” dans les relations avec la Russie, a estimé mardi le chef de la diplomatie britannique alors que Moscou prépare sa riposte.

Vingt-trois pays, dont 16 membres de l’Union européenne et les Etats-Unis, ont décidé d’expulser au moins 116 diplomates russes dans le cadre de représailles coordonnées du camp occidental, sans précédent même du temps de la Guerre froide.

“Jamais auparavant autant de pays ne se sont unis pour expulser des diplomates russes”, a souligné mardi le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson dans le quotidien The Times.

“Je pense que les événements d’hier pourraient constituer un tournant”, a-t-il ajouté. “L’alliance occidentale a pris des mesures décisives et les partenaires du Royaume-Uni se sont unis contre l’ambition irresponsable du Kremlin”.

Après l’expulsion de 23 diplomates russes par le Royaume-Uni -laquelle Moscou a réagi en expulsant à son tour des diplomates britanniques-, il s’agit d’un “nouveau coup dur pour les services de renseignement russes qui mettront des années à s’en remettre”, a-t-il poursuivi.

Cette action coordonnée est une réponse à l’empoisonnement à l’agent innervant de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia le 4 mars à Salisbury (sud-ouest de l’Angleterre), attribué par Londres à la Russie. Les deux victimes sont toujours hospitalisées dans un état critique.

– Nouvelle Guerre froide –

Moscou, qui nie en être à l’origine, a vu dans ces expulsions un “geste provocateur” et a promis de riposter. “Il va sans dire que cette mesure inamicale ne restera pas sans conséquences et que nous allons forcément y répondre”, a prévenu le ministère russe des Affaires étrangères.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a prévenu que “de nouvelles expulsions” n’étaient “pas exclues”.

L’analyste Fiodor Loukianov a estimé mardi dans les pages du quotidien Vedomosti russe que ces expulsions, “particulièrement destructrices pour les relations russo-américaines”, plongeaient les relations entre Moscou et les Occidentaux dans une nouvelle “période de Guerre froide”.

“Ce n’est pas la fin de l’escalade, il est clair qu’elle va s’aggraver, on s’attend à des mesures encore plus sévères qu’avant, des sanctions économiques contre la Russie”, prévient-t-il.

Ces “mesures à la sévérité sans précédent (…) sont un nouvel élément dans l’aggravation des relations entre la Russie et les Occidentaux”, abonde le quotidien Kommersant, tandis que le journal Izvestia y voit une action “russophobe”.

Le Royaume-Uni a salué lundi la “réponse extraordinaire” de ses alliés, la Première ministre Theresa May estimant que la Russie était ainsi avertie qu’elle ne pouvait plus “bafouer le droit international”.

– ‘Comportement irresponsable’ –

A son tour, l’Australie a annoncé mardi l’expulsion de deux diplomates russes. Mais c’est Washington qui, de loin, mène le mouvement, en annonçant l’expulsion de 60 diplomates russes considérés comme des “agents de renseignement” et la fermeture du consulat de Russie à Seattle, sur la côte ouest, en raison de la proximité de la plus grosse base de sous-marins nucléaires américains.

La France, l’Allemagne et la Pologne ont demandé chacune à quatre diplomates russes de partir, suivies notamment par les pays baltes, la Hongrie ou encore l’Espagne. L’Ukraine, en guerre avec des séparatistes pro-russes depuis 2014, en a chassé 13, et plusieurs autres pays, membres de l’Otan pour la plupart, en ont déclaré d’autres personae non gratae.

L’Islande a de son côté annoncé, à l’instar de Londres, un boycott diplomatique de la Coupe du monde de football en Russie en juin-juillet.

Pour Boris Johnson, “l’usage d’un agent innervant interdit sur le sol britannique s’inscrit dans le cadre d’une tendance plus large d’un comportement irresponsable de Vladimir Poutine”, citant l’annexion de la Crimée, le soutien au régime syrien et des interférences dans des élections à l’étranger.

“Le fil conducteur est la volonté de M. Poutine de défier les règles essentielles dont dépend la sécurité de chaque pays”, a-t-il écrit.

S’en prenant aux nombreuses thèses avancées par Moscou pour expliquer l’empoisonnement, le chef de la diplomatie a rétorqué: “Il fut un temps où cette tactique de semer le doute pouvait se montrer efficace mais plus personne n’est dupe”.

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