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Bitcoin et consorts : la déprime après l’euphorie

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Bitcoin et consorts : la déprime après l’euphorie

Les monnaies dématérialisées subissent une crise qui rappelle l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000. Le bitcoin a ainsi perdu plus de 60 % de sa valeur depuis début 2018.

Plus dure sera la chute. Après une année 2017 marquée par un engouement sans précédent des investisseurs, les monnaies dématérialisées – telles que le bitcoin, l’ethereum ou encore le ripple – tombent de très haut. C’est “le Grand Crash”, assure la chaîne économique américaine Bloomberg qui n’a pas hésité, mercredi 12 septembre, à comparer la dégringolade actuelle à l’éclatement de la bulle internet du début des années 2000.

L’indice MVIS –  à peu près l’équivalent du CAC 40 pour le monde des Bitcoins et consorts, aussi appelés “altcoins” – “a perdu 80 % de sa valeur depuis le début de l’année, soit un peu plus que le Nasdaq, qui avait chuté de 79 %, au moment de la crise des dot.com“, constate Bloomberg. Le Wall Street Journal va dans le même sens, soulignant que “la valeur de l’ensemble des monnaies alternatives est passée d’un niveau historique de 832 milliards de dollars, en janvier 2018, à moins de 200 milliards de dollars”.

Le crash n’épargne personne

L’histoire du bitcoin a, depuis sa création en 2009, été marquée par une série de chutes vertigineuses et de rebonds qui lui ont valu une réputation sulfureuse de forte volatilité à même d’aiguiser les appétits des spéculateurs. Mais rares sont les épisodes de baisse qui ont duré 250 jours, comme c’est le cas avec la crise actuelle.

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En outre, le crash du moment n’épargne personne. Le bitcoin reste l’une des cryptomonnaies les plus épargnées, alors même que son cours a baissé de 60 % depuis janvier 2018. Bon nombre “d’altcoins” ont perdu plus de 100 % de leur valeur.

Depuis le début de l’année, plusieurs mauvaises nouvelles sur le front des devises alternatives ont contribué à cet effondrement. En juin, deux importantes places d’échange ont été piratées, soulignant une nouvelle fois les problèmes de sécurité des transactions. La Security and exchange commission (SEC), gendarme américain de la Bours, a ensuite sévi contre un fonds d’investissement spécialisé dans ces devises, accusé de pratiques financières illégales.

Mais ces coups du sort n’ont fait qu’accompagner un mouvement de fond, jugé inévitable par beaucoup d’observateurs. “La chute actuelle est moins étonnante que la hausse vertigineuse, fin 2017, de la valorisation de ces actifs”, affirme Nathalie Janson, économiste et spécialiste des bitcoins à l’école de management française, Neoma Business School.

Il s’agirait avant tout d’un dur retour à la réalité. En 2017, tout le monde voulait monter à bord du train bitcoin & Co. Tout comme à l’époque de la bulle Internet, des investisseurs ont misé sur n’importe quel projet en rapport avec la blockchain (registre public des transactions), le bitcoin ou l’ethereum, même s’ils ne le comprenaient pas. Des altcoins comme Insanecoin, qui se décrit comme la monnaie pour ceux qui ont un grain, ou le Putincoin, une devise pour rendre hommage au maître du Kremlin, ont ainsi pu atteindre des capitalisations de plusieurs millions de dollars.

“Les touristes des altcoins” sont repartis

“Les cryptomonnaies sont sorties de l’ombre et ont attiré des personnes dont les motivations n’étaient pas forcément d’assurer la pérennité de l’écosystème”, résume Nathalie Janson. Ces spéculateurs et opportunistes ont nourri la bulle des monnaies dématérialisées.

Mais le Putincoin et autres FuckTocken n’avaient pas plus de substance que pets.com ou flooz.com au début des années 2000. “Les touristes des altcoins ont compris que ces actifs n’avaient aucune application dans le monde réel et ils sont repartis”, explique Dan McArdle, cofondateur de Messari, un cabinet américain de conseil dans les monnaies dématérialisées, dans le Wall Street Journal. Le robinet à argent facile s’est refermé et les projets ont périclité les uns après les autres, affectant le secteur entier.

“C’est dramatique pour ceux qui venaient d’investir dans ces cryptomonnaies, mais ce grand ménage est aussi salutaire”, assure Nathalie Janson. L’afflux d’investisseurs novices et souvent naïfs avaient, en effet, donné des idées à des acteurs peu scrupuleux. Ainsi, 80 % des levées de fonds en 2017 pour des projets liés à la blockchain ou aux altcoins se sont révélé être des arnaques, a affirmé le cabinet de conseil Statis Group dans une étude publié en juillet 2018. L’espoir est que le crash de 2018 entraîne une disparition des projets farfelus et de ces arnaqueurs qui n’auront plus grand monde à plumer. Il ne restera plus que les projets les plus solides, comme le bitcoin ou l’ethereum. Amazon n’a-t-il pas survécu de peu à l’éclatement de la bulle Internet, pour devenir aujourd’hui l’un des acteurs les plus influents du commerce ?

Première publication : 13/09/2018

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